Le long parcours du monstre («Dernière Heure» 9 octobre 1996 pg 3)
Le long parcours du monstre
Jemeppe-sur-Sambre. Très vite, le couple d'enseignants part pour les colonies belges en Afrique. Johan, petit frère de Marc, naît là-bas. Après les événements du Congo, en 1960, les Dutroux rentrent en Belgique et s'installent entre Nivelles et Charleroi, à Obaix, rue des Deux Chapelles, puis rue du Village.
1968, Marc Dutroux entame ses études secondaires. Le début d'un parcours agité. Il passe successivement pas l'Athénée de Morlanwelz et trois écoles professionnelles, à Fleurus, Charleroi et Nivelles. Il veut devenir électricien. Il décroche son diplôme d'A3 électricien en 1974. Il a 18 ans. Il n'accomplit pas son service militaire, réformé pour raison médicale. Il quitte alors définitivement Obaix, pour vivre seul.
Il s'installe d'abord rue Emile Vandervelde, à Monceau-surSambre.
-En 1975, il se trouve rue Haute, dans la même localité. Dutroux décroche ses premiers boulots en usine, comme tourneur, puis comme électricien.
Dutroux ne s'en était jamais pris à leurs enfants, deux garçons. En 1981, Dutroux exerce un nouveau boulot: surveillant à la patinoire de Forest...
En juin 84, un premier enfant, Frédéric, voit le jour. C'est le troisième garçon de Dutroux qui aura encore avec Martin deux autres enfants, Andy (2 ans et demi aujourd'hui) et Céline (10 mois).
Dutroux et Martin se marient le 16 décembre 1988 à Ham-surHeure.
-D'abord en concubinage, ils vont vivre à Marcinelle, chaussée de Philippeville, dans la maison (achetée en 85) où l'on retrouvera Sabine et Laetitia. Officiellement, Dutroux est domicilié à Marcinelle entre 1989 et 1992, puis entre 1994 et 1996. On sait aussi aujourd'hui qu'il a vécu au début des années 80 dans une caravane à Jumet aux abords des étangs Caluwart.
Trois de celles-ci, enlevées à Gilly, Roux et Marcinelle, sont mineures. Elles sont séquestrées, violées, filmées. Michelle Martin est également considérée comme complice. Un autre crime est mis à charge de
Dutroux: l'agression sauvage d'une vieille dame. C'est la prison.
Le 24 juin 1988, le tribunal correctionnel de Charleroi condamne Martin à 3 ans. Le 12 avril 89, Dutroux écope de 13 ans et 6 mois devant la cour d'appel de Mons.
-A ce moment, lui et sa femme ne travaillent plus officiellement et touchent des allocations de la mutuelle.
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Les manifestations de soutien aux parents des victimes ont été incroyables. Aujourd'hui, soit un mois et demi après la découverte des corps, les familles doivent encore répondre à de nombreuses sollicitations, tant des journalistes que de la population. Les parents n'ont maintenant qu'un souhait que personne n'oublie jamais Julie et Mélissa...
Ces dernières semaines, des dizaines de milliers de lettres sont arrivées au domicile des parents des enfants. Hier, dans la boîte aux lettres des Lejeune, on trouvait encore une dizaine d'enveloppes.
Parmi les témoignages de soutien, une lettre a touché plus particulièrement la famille Lejeune. Elle mérite d'être soulignée. Il s'agit d'un courrier émanant d'un détenu de la prison de Verviers et simplement signé Pierre. « Je me permets en mon nom propre et certainement au nom de tous mes codétenus de vous remercier de cette leçon d'humanisme, de cette démonstration de courage, de cet élan de votre charité », écrit le détenu, faisant allusion à la visite de Jean-Denis Lejeune aux prisonniers de Lantin.
Vous êtes à mes yeux, Monsieur, ce qui devrait culpabiliser à jamais les pauvres et simples humains que nous sommes avec nos défauts et parfois certaines qualités... Personne ne pourra me donner de plus grandes leçons de savoir vivre. Je viens de me réconcilier avec l'être humain... Votre geste, votre désarroi, votre courage (il en fallait pour braver les bien-pensant qui nous mettent tous dans la même auge) me font un bien énorme... Merci! »
La semaine dernière, les parents de Julie se sont rendus aux États-Unis, à Arlington (Virginie) plus précisément, où se situe le siège du « National Center For Missing and Exploited Children ». Fondée il y a 12 ans, cette association se préoccupe des enfants disparus et maltraités. Elle est présidée par Mme Élisabeth Yore, une amie de Mme Anne-Marie Lizin. Louisa et Jean-Denis Lejeune sont restés une semaine sur les bords du Potomac en compagnie de la députée bourgmestre hutoise. « Ce que nous avons vu là bas est génial; formidable ! Tout d'abord cette association est exceptionnelle. Rien de ce type n'existe en Europe. Elle emploie 80 personnes et a un grand pouvoir sur les autorités américaines. Il faut savoir que là, il existe 17630 corps de police différents, qui arrivent à travailler ensemble... L'association sait mettre la pression sur eux car elle a aussi des renseignements à donner. Conclusion, aucun dossier ne dort au fond d'un tiroir », commente le papa de Julie.
Si l'association a autant de pouvoir, c'est avant tout parce qu'elle possède des moyens. « Elle est financée en partie par les pouvoirs publics mais aussi par des particuliers; des entreprises et des citoyens américains. Ainsi, par exemple, la société « Pizza Hut », qui a investi 8 millions de dollars (NDIR: environ 250 millions de francs belges !) pour mettre en place 400 centres de données un peu partout aux Etats-Unis. Il s'agit d'espèce de cabines téléphoniques équipées d'une TV, comme un minitel. Dans la banque de données, on trouve des photos de personnes disparues, des conseils de prévention,...
C'est très simple à utiliser; pas besoin d'être magicien ! », poursuit Jean-Denis Lejeune, émerveillé.
Les Liégeois ont également été impressionnés par un système de photos satellites qui couvre tout le territoire des États-Unis. « Tout est répertorié, même les bosquets.
Quand quelqu'un disparaît, on entre les données sur l'endroit de la disparition et immédiatement on peut visionner les lieux », explique M. Lejeune. Aux États-Unis, es disparitions sont prises très au sérieux. « Oui, il faut savoir que chaque semaine, 61 millions de foyers reçoivent un «toute boîte» reprenant les photos de 3 ou 4 enfants disparus ».
Une telle association pourrait elle être mise en place en Belgique, au niveau européen ? Peut-être, et c'était la raison sur place de Mme Lizin. Mais le nerf de la guerre restera évidemment l'argent... Où trouver des moyens pour financer un centre de cette envergure ? Un appel est d'ores et déjà lancé aux sponsors !
Nathalie Evrard
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A l'aube, devant des dizaines de caméras et appareils photos, les ouvriers ont érigé échafaudage et palissade autour de la terne demeure edwardienne de trois étages du 25 Cromwell Street.
La rue a été bloquée pendant la durée de la démolition, et tout au long du week-end, la police a monté une garde discrète pour éviter des raids de dernière minute d'amateurs de souvenirs morbides.
Une dalle de béton sera ensuite coulée sur le site du No25, ainsi que sur le No23 mitoyen, à l'abandon et également promis à la démolition.
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Vendredi dernier, Me Darge avait obtenu la libération de sa cliente, libération contre laquelle le parquet avait de suite interjeté appel. L'action du parquet empêchait évidemment Michelle Martin de quitter sa prison de Namur.
Me Darge demandait « que le juge sorte du bois, qu'il précise les inculpations, que je sache très précisément les charges qui pèsent sur Martin ». Selon lui, en fonction de l'inculpation initiale (juste l'enlèvement de Laetitia), on ne pouvait rien reprocher à sa cliente puisque, le jour des faits, Michelle Martin faisait du tourisme en famille, avec ses enfants, à Dinant.
Exaucé
Le juge n'a pas traîné à exaucer l'avocat. Après une journée d'audition de la détenue, il a délivré un mandat d'arrêt pour association de malfaiteurs, complicité dans l'enlèvement et la séquestration de Laetitia mais aussi de Sabine, Julie, Mélissa, An et Eefje. A quoi s'ajoute la circonstance que quatre des victimes des kidnappeurs sont décédées lors de leur séquestration à Sars
En septembre dernier, le juge avait regretté que l'on réunisse trop rapidement la chambre des mises en accusation, instance d'appel. Cette fois, semble-t-il, c'est le parquet qui a demandé que l'on fasse vite et que l'on rassemble 3 détenus. Ceci afin d'éviter les aller retours incessants du dossier entre Neufchâteau et Liège.
Aussi, c'est jeudi que la chambre des mises décidera du sort immédiat à réserver à Michelle Martin, Annie Bouty (victime de l'appel du parquet suite à l'ordonnance de libération, vendredi dernier) et Michaël Diakostavrianos.
Rien ne dit que ces auditions, tôt ou tard, ne déboucheront pas sur de nouvelles instructions. L'enquête se poursuit aussi à Bouillon où les gendarmes de la brigade locale et la cellule disparition n'ont pu encore identifier les agresseurs des deux jeunes filles venues de Corbion.
En tout cas, ils ne sont, semble-t-il, pas en mesure d'attribuer l'enlèvement, tel que décrit par les deux adolescentes, à Aouali, ce Français habitant Vresse et toujours détenu à Châlons-sur Marne, notamment pour des menaces proférées contre un gendarme et le procureur Bourlet.
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