L’ingéniosité machiavélique de Dutroux('NvlGazette'29 août 1996 p6)
L’ingéniosité machiavélique de Dutroux
« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6
Depuis la libération de Sabine et Laeticia le 15 août, les enquêteurs ont percé à jour les secrets de la sinistre maison de Marcinelle
Dès le début de l'enquête, policiers et magistrats chargés de ce terrible dossier avaient dit leur surprise devant l'habileté dont avaient fait preuve ceux qui avaient construit la « prison » où furent retenues Sabine et Laetitia, au 128, de l'avenue de Marcinelle, à Marcinelle.
Les enquêteurs et les magistrats ont d'ailleurs expliqué par cette habileté l'échec d'une première perquisition effectuée quelques jours plus tôt dans cette même maison. « Pourtant, nous disait hier un magistrat, les enquêteurs chargés de cette perquisition avaient été parfaitement informés de ce que l'on recherchait lors d'un briefing préalable ». La prison des deux petites était en effet parfaitement indécelable.
Et de multiples précautions avaient été prises par les geôliers pour qu'elle le reste.
Le flair des chiens était annihilé par le système de ventilation mis au point par les ravisseurs des deux fillettes. Ce système qui refoulait l'air vicié et amenait dans la pièce de l'air frais était relié à une buse communiquant avec l'extérieur.
Celle-ci était placée de telle façon qu'elle ne puisse fournir aucune indication aux chiens.
Les murs qui entouraient la prison étaient eux-mêmes rendus totalement opaques par la pose de plaques intérieures empêchant qu'on ne détecte, par des forages thermiques ou la pose de caméras, toute présence humaine.
Enfin, le système d'ouverture de la porte d'accès, dissimulée derrière une armoire fixée au mur, était lui-même un petit chef d'oeuvre d'ingéniosité. Ce n'est en effet qu'après le déclenchement d'un premier mécanisme secret, qu'il était possible d'actionner le mécanisme général d'ouverture, fonctionnant par un système de rotation sur poulies.
L'ouverture ainsi pratiquée (de 30 à 40 cm) ne permettait le passage que d'une seule personne à la fois.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle lorsque Dutroux a accompagné les policiers lors de la seconde perquisition, il est passé le premier par l'ouverture qu'il venait d'actionner. Les policiers craignaient que la pièce ne soit piégée. Il ne s'y trouvait que deux petites filles.
Philippe Crêteur
____________________
Michèle Martin en aveux partiels
« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6
La journée s'est déroulée sans révélations fracassantes, hier à Neufchâteau. L'épouse de
Dutroux, Michèle Martin, semble cependant s'être «mise à table», elle qui niait jusqu'ici avoir eu vent des forfaits commis par son mari.
Journée relativement calme, hier, devant le palais de justice de Neufchâteau, les débats se concentrant essentiellement dans les locaux de la gendarmerie de la localité.
En fin de matinée cependant, le procureur du Roi, M. Bourlet, s'est absenté un moment avant de réapparaître accompagné de Michèle Martin, l'épouse de Marc Dutroux.
Michel Lelièvre les a suivis de peu. «Cela fait partie du processus normal de l'enquête. Nous poursuivons les auditions.
Mais jusqu'à présent, aucun élément nouveau n'est à signaler», a commenté le major Guissard, hier en fin de matinée.En fin de journée, l'audition de ces deux personnes se poursuivait toujours.
Vers 17 h 30, le juge d'instruction Connerotte est également arrivé sur les lieux.
Aux alentours de 18 h, l'agence Belga a annoncé que Michèle Martin commençait à faire des aveux partiels. Lors de son arrestation, elle avait nié être au courant des activités de son mari. « Elle reconnaît maintenant sa participation à certains des faits reprochés à Marc Dutroux », ajoute-t-on à Neufchâteau sans toutefois préciser si ces aveux portaient sur des enlèvements ou des séquestrations.
Si peu d'informations filtraient, hier, à Neufchâteau, on sait cependant que le dossier concernant l'enlèvement d'An et Eefje a été transmis mercredi matin du parquet de Bruges au parquet de Neufchâteau.
Celui concernant Julie et Mélissa a également été transmis en fin de journée par le parquet de Liège. Sept gros volumes le composent.
Dossiers transmis
C'est le troisième dossier d'enlèvement d'enfants dans lequel est impliqué Marc Dutroux qui est ainsi officiellement remis au procureur du Roi Michel Bourlet et au juge d'instruction Jean-Marc Connerotte.
Le premier concernait Sabine Dardenne et venait de Tournai.
De son côté, l'agence Belga ajoute qu'il n'est d'ailleurs pas impossible que soient également envoyés au parquet chestrolais d'autres dossiers concernant des tentatives d'enlèvement et d'enlèvement, voire même de meurtres d'enfants restés jusqu'à ce jour inexpliqués. C'est ainsi qu'un dossier en provenance du Parquet d'Eupen concernant une tentative d'enlèvement le 9 août dernier à Saint-Vith pourrait être transmis à
Neufchâteau.
Il en serait de même du dossier concernant la petite Laurence Mathues, retrouvée morte d'une surdose à Fernelmont (province de Namur) et qui se trouve à l'heure actuelle entre les mains du juge Marotte de Namur.
De ce côté, en effet, les médicaments qui auraient provoqué la mort de la jeune fille sont les mêmes que ceux dont Marc Dutroux se servait pour enlever ou profiter de ses victimes.
Des renforts dès ce lundi
On sait également que le parquet de Neufchâteau recevra un magistrat en renfort dès lundi. Il devrait venir du parquet d'Arlon. Le second juge d'instruction sera le juge Langlois, juge au tribunal de 1ère instance de Neufchâteau, qui exerce les fonctions de juge délégué à l'instruction lorsque le juge Connerotte est absent ou en vacances.
_________________
Un à côté gênant du dossier Dutroux
Le Procureur général de Mons et les Porsche de son fils
« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6
Quoi qu'il en dise, M. Georges Demanet, Procureur général près la Cour d'appel de Mons semble mal pris. Alors qu'il avait, à l'époque, émis un avis négatif sur une possible libération de Marc Dutroux, en raison de la dangerosité de l'individu, voilà que l'affaire Dutroux lui revient en pleine figure, façon boomerang, et pour d'agaçantes raisons familiales.
C'est que M. Demanet a un fils, Philippe, expert automobile de son état et même expert auprès du Parquet. On admettra que cela lui confère, en théorie au moins, certaines raisons de s'y connaître en matière de véhicules. Or, que s'est-il passé?
Philippe Demanet a acheté une Porsche,d'un modèle particulier et paraît-il fort rare, qu'on lui aurait présentée comme une voiture neuve.
Le vendeur était la SPRL Adam Auto Service dont le responsable Bernard Adam, domicilié sentier Saint Jacques à Gilly, est le fils d'un commissaire de police de Charleroi.
Il a affirmé l'avoir payée 3 millions et demi de francs. Or, cette voiture n'était pas neuve: on dit maintenant qu'elle aurait eu deux ans à l'époque.
Une constatation s'impose: le numéro de châssis d'une voiture permet de savoir quelle est son année de construction.
Un expert automobile est mieux placé que quiconque pour le savoir. Et Philippe Demanet aurait pu s'en rendre compte. Qu'il ne l'ait pas fait permet de douter de ses capacités à rester l'expert du Parquet.
Attaché a sa plaque
Toujours est-il qu'en septembre 1993, cette voiture a été volée en Espagne à Philippe Demanet. Il a déclaré ce vol à sa compagnie d'assurance, la Royale Belge. Comme il est d'usage, elle a ouvert une enquête avant de débourser, enquête que justifiait d'autant plus le montant considérable du préjudice.
Cette enquête a été menée par un responsable du contentieux de la compagnie, Thierry Dehaan.
L'enquête a officiellement conclu à la bonne foi du préjudicié, puisque le montant réclamé a bien été versé à
Philippe Demanet, ce qui lui a permis de s'acheter une autre Porsche: c'est elle qu'on retrouvera dans un hangar de Ransart en juin 1994, hangar dont Philippe Demanet était le locataire.
Selon le communiqué qu'a diffusé mardi soir le Procureur général Demanet pour prendre la défense de son fils, cette deuxième Porsche n'a aucun rapport avec la première: il n'est pas question de penser qu'il s'agirait de la même voiture, faussement volée puis maquillée après que le «préjudicié» eut touché la prime d'assurance.
Fort bien. Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Il se fait que l'immatriculation de cette deuxième Porsche était la même que la première, ce que les enquêteurs n'ont pas manqué de constater. Il s'agissait de la plaque LRS. 911.
Explication fournie par Philippe Demanet via la bouche de son père: c'était une plaque personnalisée qui lui avait coûté 25.000 francs. Il y tenait beaucoup et avait donc voulu la conserver. Et, explique encore le Procureur général, lorsqu'on avait volé la Porsche, elle était en fait nantie d'un doublon des plaques:
Philippe Demanet avait placé à l'arrière de la voiture le genre de plaques qu'on installe habituellement à l'avant.
Cela, à titre conservatoire, en somme, et pour qu'on ne lui vole pas sa (chère) plaque d'origine.
Une imitation de plaque
On est évidemment tout disposé a croire cette version, même si elle est surprenante.
Ainsi donc, Philippe Demanet a demandé, en 1993, une immatriculation qu'il a copiée dès qu'il l'a obtenue, pour circuler avec un double de la même plaque. Que n'importe quel quidam fasse de même, et il aura à fournir de solides explications. Ici, l'affaire se passant à Thuin, à la police communale, commune du domicile de Philippe Demanet qui est encore celui de son père le Procureur général, et les choses se passent apparemment sans encombre. Philippe Demanet a pu, en un premier temps, circuler avec une imitation de plaque officielle et, en second temps, rouler à bord d'un véhicule nanti d'une plaque signalée volée.
Il y a des facilités qui étonnent le bon peuple, et qui ne sont sans doute pas autorisées au premier venu. Il reste que Philippe Demanet n'a jamais été en rien inquiété, moins encore inculpé de quoi que ce soit.
L'histoire n'est pas terminée pour autant.
On serait même tenté de dire qu'elle a commencé là, et que c'est alors qu'ont débuté les ennuis de l'inspecteur de PJ Georges Zicot. C'est lui qui a enquêté à propos du vol de la Porsche. C'est lui qui, sachant qui en était le préjudicié, a poursuivi cette enquête. C'est lui encore qui, à Lodelinsart, avait mis la main en septembre 93, avant le vol en Espagne, sur une des Porsche de Philippe Demanet. La même?
Il ne faut pas confondre les Porsche, insiste le Procureur général de Mons lequel, apprenant que Georges Zicot pouvait être mêlé à une affaire de Mercedes volée, en a averti le commissaire général de Vroom.
L'enquête menée alors par le juge d'instruction Laffineur, à Bruxelles, n'a pas abouti à l'inculpation de Georges Zicot.
Volée... mais retrouvée
Ce n'est que l'avant-dernier chapitre de la saga Porsche de Philippe Demanet. On a en effet appris que le même juge Laffineur avait demandé à entendre il y a quelques jours Bernard Adam, gérant du garage où Philippe Demanet avait acheté sa première Porsche.
On dit aussi que le même Bernard Adam a ramené cette même Porsche entre les mains des enquêteurs.
D'où on peut déduire qu'il savait au moins où elle se trouvait, après le vol commis en Espagne, et on se garde bien, provisoirement, d'écrire vol entre guillemets. Le dossier est donc loin d'être clos.
Il y a quelques jours, quelques-uns de ses acteurs ont été placés sous mandat d'arrêt à Neufchâteau: c'est le cas de Thierry Dehaan et de Georges Zicot, pour faux et usage de faux.
C'est le versant «trafic de voitures» de l'affaire Dutroux. On n'ira plus loin, sous peine de se voir reprocher de fâcheux amalgames.
Ce n'est, dira-t-on, qu'un à côté pénible, et forcément secondaire en regard de l'horreur des faits reprochés à
Dutroux et aux siens. Sans doute. Il reste qu'un sentiment de malaise s'installe, et que le Procureur général de
Mons, M. Demanet, semble familialement mal pris.
Avec toute la considération qu'on doit à ce haut magistrat, on voudrait ajouter ceci: est-il bien normal qu'occupant les fonctions qui sont les siennes, il se revête des attributs du Procureur général pour prendre la défense de son fils ?
Que l'on sache, Philippe Demanet, resté muet jusqu'ici, est largement majeur. En se lançant dans des justifications qui conjuguent un sentiment honorable de père de famille et ses fonctions de plus haut magistrat hennuyer, le Procureur général près la Cour d'appel de Mons nous offre le pénible spectacle d'un mélange des genres qui ne peut que nuire à l'idée qu'on se fait d'une certaine sérénité de la Justice.
C'est tout ce qu'on en dira pour le moment, en se réservant d'y revenir.
Philippe MAC KAY
__________________
Georges Zicot et le « gang des BMW»
Entrave à une enquête allemande en 94 ?
« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6
L'affaire Dutroux et les dossiers connexes - notamment de trafic de voitures - semblent pousser leurs ramifications jusqu'au-delà de nos frontières. On verra par ailleurs que la police slovaque soupçonne Dutroux de divers forfaits dont un meurtre. Le PJ man Georges Zicot est à présent soupçonné par la police allemande...
Georges Zicot, l'inspecteur principal de la police judiciaire de Charleroi qui pourrait avoir été un des «protecteurs» de Marc Dutroux et se trouve en état d'arrestation, a peut-être, en 1994, fait obstacle à une enquête menée par la police de Cologne contre une bande internationale de voleurs de voitures.
«Nous ne sommes tout simplement jamais parvenus à approcher plusieurs suspects de ce trafic dont la plaque tournante était à Charleroi», a déclaré mercredi à l'agence de presse allemande DPA un porte-parole de la police de la grande ville rhénane.
Les enquêteurs belges s'étaient refusés à procéder à l'interpellation des suspects et avaient réclamé une commission rogatoire.
La police allemande était à l'époque aux trousses d'une bande surnommée «le gang des BMW» qui avait volé une impressionnante série de véhicules dans la région de Cologne pour les transférer ensuite en Belgique.
Quatre membres belges de la bande avaient pu être interceptés en Allemagne et l'enquête conduisait apparemment les investigateurs vers Charleroi.
Georges Zicot était, rappelle t-on, spécialisé précisément dans les affaires de trafic de véhicules, une activité à laquelle Marc Dutroux a également été mêlé.
« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6
Depuis la libération de Sabine et Laeticia le 15 août, les enquêteurs ont percé à jour les secrets de la sinistre maison de Marcinelle
Dès le début de l'enquête, policiers et magistrats chargés de ce terrible dossier avaient dit leur surprise devant l'habileté dont avaient fait preuve ceux qui avaient construit la « prison » où furent retenues Sabine et Laetitia, au 128, de l'avenue de Marcinelle, à Marcinelle.
Les enquêteurs et les magistrats ont d'ailleurs expliqué par cette habileté l'échec d'une première perquisition effectuée quelques jours plus tôt dans cette même maison. « Pourtant, nous disait hier un magistrat, les enquêteurs chargés de cette perquisition avaient été parfaitement informés de ce que l'on recherchait lors d'un briefing préalable ». La prison des deux petites était en effet parfaitement indécelable.
Et de multiples précautions avaient été prises par les geôliers pour qu'elle le reste.
Le flair des chiens était annihilé par le système de ventilation mis au point par les ravisseurs des deux fillettes. Ce système qui refoulait l'air vicié et amenait dans la pièce de l'air frais était relié à une buse communiquant avec l'extérieur.
Celle-ci était placée de telle façon qu'elle ne puisse fournir aucune indication aux chiens.
Les murs qui entouraient la prison étaient eux-mêmes rendus totalement opaques par la pose de plaques intérieures empêchant qu'on ne détecte, par des forages thermiques ou la pose de caméras, toute présence humaine.
Enfin, le système d'ouverture de la porte d'accès, dissimulée derrière une armoire fixée au mur, était lui-même un petit chef d'oeuvre d'ingéniosité. Ce n'est en effet qu'après le déclenchement d'un premier mécanisme secret, qu'il était possible d'actionner le mécanisme général d'ouverture, fonctionnant par un système de rotation sur poulies.
L'ouverture ainsi pratiquée (de 30 à 40 cm) ne permettait le passage que d'une seule personne à la fois.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle lorsque Dutroux a accompagné les policiers lors de la seconde perquisition, il est passé le premier par l'ouverture qu'il venait d'actionner. Les policiers craignaient que la pièce ne soit piégée. Il ne s'y trouvait que deux petites filles.
Philippe Crêteur
____________________
Michèle Martin en aveux partiels
« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6
La journée s'est déroulée sans révélations fracassantes, hier à Neufchâteau. L'épouse de
Dutroux, Michèle Martin, semble cependant s'être «mise à table», elle qui niait jusqu'ici avoir eu vent des forfaits commis par son mari.
Journée relativement calme, hier, devant le palais de justice de Neufchâteau, les débats se concentrant essentiellement dans les locaux de la gendarmerie de la localité.
En fin de matinée cependant, le procureur du Roi, M. Bourlet, s'est absenté un moment avant de réapparaître accompagné de Michèle Martin, l'épouse de Marc Dutroux.
Michel Lelièvre les a suivis de peu. «Cela fait partie du processus normal de l'enquête. Nous poursuivons les auditions.
Mais jusqu'à présent, aucun élément nouveau n'est à signaler», a commenté le major Guissard, hier en fin de matinée.En fin de journée, l'audition de ces deux personnes se poursuivait toujours.
Vers 17 h 30, le juge d'instruction Connerotte est également arrivé sur les lieux.
Aux alentours de 18 h, l'agence Belga a annoncé que Michèle Martin commençait à faire des aveux partiels. Lors de son arrestation, elle avait nié être au courant des activités de son mari. « Elle reconnaît maintenant sa participation à certains des faits reprochés à Marc Dutroux », ajoute-t-on à Neufchâteau sans toutefois préciser si ces aveux portaient sur des enlèvements ou des séquestrations.
Si peu d'informations filtraient, hier, à Neufchâteau, on sait cependant que le dossier concernant l'enlèvement d'An et Eefje a été transmis mercredi matin du parquet de Bruges au parquet de Neufchâteau.
Celui concernant Julie et Mélissa a également été transmis en fin de journée par le parquet de Liège. Sept gros volumes le composent.
Dossiers transmis
C'est le troisième dossier d'enlèvement d'enfants dans lequel est impliqué Marc Dutroux qui est ainsi officiellement remis au procureur du Roi Michel Bourlet et au juge d'instruction Jean-Marc Connerotte.
Le premier concernait Sabine Dardenne et venait de Tournai.
De son côté, l'agence Belga ajoute qu'il n'est d'ailleurs pas impossible que soient également envoyés au parquet chestrolais d'autres dossiers concernant des tentatives d'enlèvement et d'enlèvement, voire même de meurtres d'enfants restés jusqu'à ce jour inexpliqués. C'est ainsi qu'un dossier en provenance du Parquet d'Eupen concernant une tentative d'enlèvement le 9 août dernier à Saint-Vith pourrait être transmis à
Neufchâteau.
Il en serait de même du dossier concernant la petite Laurence Mathues, retrouvée morte d'une surdose à Fernelmont (province de Namur) et qui se trouve à l'heure actuelle entre les mains du juge Marotte de Namur.
De ce côté, en effet, les médicaments qui auraient provoqué la mort de la jeune fille sont les mêmes que ceux dont Marc Dutroux se servait pour enlever ou profiter de ses victimes.
Des renforts dès ce lundi
On sait également que le parquet de Neufchâteau recevra un magistrat en renfort dès lundi. Il devrait venir du parquet d'Arlon. Le second juge d'instruction sera le juge Langlois, juge au tribunal de 1ère instance de Neufchâteau, qui exerce les fonctions de juge délégué à l'instruction lorsque le juge Connerotte est absent ou en vacances.
_________________
Un à côté gênant du dossier Dutroux
Le Procureur général de Mons et les Porsche de son fils
« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6
Quoi qu'il en dise, M. Georges Demanet, Procureur général près la Cour d'appel de Mons semble mal pris. Alors qu'il avait, à l'époque, émis un avis négatif sur une possible libération de Marc Dutroux, en raison de la dangerosité de l'individu, voilà que l'affaire Dutroux lui revient en pleine figure, façon boomerang, et pour d'agaçantes raisons familiales.
C'est que M. Demanet a un fils, Philippe, expert automobile de son état et même expert auprès du Parquet. On admettra que cela lui confère, en théorie au moins, certaines raisons de s'y connaître en matière de véhicules. Or, que s'est-il passé?
Philippe Demanet a acheté une Porsche,d'un modèle particulier et paraît-il fort rare, qu'on lui aurait présentée comme une voiture neuve.
Le vendeur était la SPRL Adam Auto Service dont le responsable Bernard Adam, domicilié sentier Saint Jacques à Gilly, est le fils d'un commissaire de police de Charleroi.
Il a affirmé l'avoir payée 3 millions et demi de francs. Or, cette voiture n'était pas neuve: on dit maintenant qu'elle aurait eu deux ans à l'époque.
Une constatation s'impose: le numéro de châssis d'une voiture permet de savoir quelle est son année de construction.
Un expert automobile est mieux placé que quiconque pour le savoir. Et Philippe Demanet aurait pu s'en rendre compte. Qu'il ne l'ait pas fait permet de douter de ses capacités à rester l'expert du Parquet.
Attaché a sa plaque
Toujours est-il qu'en septembre 1993, cette voiture a été volée en Espagne à Philippe Demanet. Il a déclaré ce vol à sa compagnie d'assurance, la Royale Belge. Comme il est d'usage, elle a ouvert une enquête avant de débourser, enquête que justifiait d'autant plus le montant considérable du préjudice.
Cette enquête a été menée par un responsable du contentieux de la compagnie, Thierry Dehaan.
L'enquête a officiellement conclu à la bonne foi du préjudicié, puisque le montant réclamé a bien été versé à
Philippe Demanet, ce qui lui a permis de s'acheter une autre Porsche: c'est elle qu'on retrouvera dans un hangar de Ransart en juin 1994, hangar dont Philippe Demanet était le locataire.
Selon le communiqué qu'a diffusé mardi soir le Procureur général Demanet pour prendre la défense de son fils, cette deuxième Porsche n'a aucun rapport avec la première: il n'est pas question de penser qu'il s'agirait de la même voiture, faussement volée puis maquillée après que le «préjudicié» eut touché la prime d'assurance.
Fort bien. Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Il se fait que l'immatriculation de cette deuxième Porsche était la même que la première, ce que les enquêteurs n'ont pas manqué de constater. Il s'agissait de la plaque LRS. 911.
Explication fournie par Philippe Demanet via la bouche de son père: c'était une plaque personnalisée qui lui avait coûté 25.000 francs. Il y tenait beaucoup et avait donc voulu la conserver. Et, explique encore le Procureur général, lorsqu'on avait volé la Porsche, elle était en fait nantie d'un doublon des plaques:
Philippe Demanet avait placé à l'arrière de la voiture le genre de plaques qu'on installe habituellement à l'avant.
Cela, à titre conservatoire, en somme, et pour qu'on ne lui vole pas sa (chère) plaque d'origine.
Une imitation de plaque
On est évidemment tout disposé a croire cette version, même si elle est surprenante.
Ainsi donc, Philippe Demanet a demandé, en 1993, une immatriculation qu'il a copiée dès qu'il l'a obtenue, pour circuler avec un double de la même plaque. Que n'importe quel quidam fasse de même, et il aura à fournir de solides explications. Ici, l'affaire se passant à Thuin, à la police communale, commune du domicile de Philippe Demanet qui est encore celui de son père le Procureur général, et les choses se passent apparemment sans encombre. Philippe Demanet a pu, en un premier temps, circuler avec une imitation de plaque officielle et, en second temps, rouler à bord d'un véhicule nanti d'une plaque signalée volée.
Il y a des facilités qui étonnent le bon peuple, et qui ne sont sans doute pas autorisées au premier venu. Il reste que Philippe Demanet n'a jamais été en rien inquiété, moins encore inculpé de quoi que ce soit.
L'histoire n'est pas terminée pour autant.
On serait même tenté de dire qu'elle a commencé là, et que c'est alors qu'ont débuté les ennuis de l'inspecteur de PJ Georges Zicot. C'est lui qui a enquêté à propos du vol de la Porsche. C'est lui qui, sachant qui en était le préjudicié, a poursuivi cette enquête. C'est lui encore qui, à Lodelinsart, avait mis la main en septembre 93, avant le vol en Espagne, sur une des Porsche de Philippe Demanet. La même?
Il ne faut pas confondre les Porsche, insiste le Procureur général de Mons lequel, apprenant que Georges Zicot pouvait être mêlé à une affaire de Mercedes volée, en a averti le commissaire général de Vroom.
L'enquête menée alors par le juge d'instruction Laffineur, à Bruxelles, n'a pas abouti à l'inculpation de Georges Zicot.
Volée... mais retrouvée
Ce n'est que l'avant-dernier chapitre de la saga Porsche de Philippe Demanet. On a en effet appris que le même juge Laffineur avait demandé à entendre il y a quelques jours Bernard Adam, gérant du garage où Philippe Demanet avait acheté sa première Porsche.
On dit aussi que le même Bernard Adam a ramené cette même Porsche entre les mains des enquêteurs.
D'où on peut déduire qu'il savait au moins où elle se trouvait, après le vol commis en Espagne, et on se garde bien, provisoirement, d'écrire vol entre guillemets. Le dossier est donc loin d'être clos.
Il y a quelques jours, quelques-uns de ses acteurs ont été placés sous mandat d'arrêt à Neufchâteau: c'est le cas de Thierry Dehaan et de Georges Zicot, pour faux et usage de faux.
C'est le versant «trafic de voitures» de l'affaire Dutroux. On n'ira plus loin, sous peine de se voir reprocher de fâcheux amalgames.
Ce n'est, dira-t-on, qu'un à côté pénible, et forcément secondaire en regard de l'horreur des faits reprochés à
Dutroux et aux siens. Sans doute. Il reste qu'un sentiment de malaise s'installe, et que le Procureur général de
Mons, M. Demanet, semble familialement mal pris.
Avec toute la considération qu'on doit à ce haut magistrat, on voudrait ajouter ceci: est-il bien normal qu'occupant les fonctions qui sont les siennes, il se revête des attributs du Procureur général pour prendre la défense de son fils ?
Que l'on sache, Philippe Demanet, resté muet jusqu'ici, est largement majeur. En se lançant dans des justifications qui conjuguent un sentiment honorable de père de famille et ses fonctions de plus haut magistrat hennuyer, le Procureur général près la Cour d'appel de Mons nous offre le pénible spectacle d'un mélange des genres qui ne peut que nuire à l'idée qu'on se fait d'une certaine sérénité de la Justice.
C'est tout ce qu'on en dira pour le moment, en se réservant d'y revenir.
Philippe MAC KAY
__________________
Georges Zicot et le « gang des BMW»
Entrave à une enquête allemande en 94 ?
« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6
L'affaire Dutroux et les dossiers connexes - notamment de trafic de voitures - semblent pousser leurs ramifications jusqu'au-delà de nos frontières. On verra par ailleurs que la police slovaque soupçonne Dutroux de divers forfaits dont un meurtre. Le PJ man Georges Zicot est à présent soupçonné par la police allemande...
Georges Zicot, l'inspecteur principal de la police judiciaire de Charleroi qui pourrait avoir été un des «protecteurs» de Marc Dutroux et se trouve en état d'arrestation, a peut-être, en 1994, fait obstacle à une enquête menée par la police de Cologne contre une bande internationale de voleurs de voitures.
«Nous ne sommes tout simplement jamais parvenus à approcher plusieurs suspects de ce trafic dont la plaque tournante était à Charleroi», a déclaré mercredi à l'agence de presse allemande DPA un porte-parole de la police de la grande ville rhénane.
Les enquêteurs belges s'étaient refusés à procéder à l'interpellation des suspects et avaient réclamé une commission rogatoire.
La police allemande était à l'époque aux trousses d'une bande surnommée «le gang des BMW» qui avait volé une impressionnante série de véhicules dans la région de Cologne pour les transférer ensuite en Belgique.
Quatre membres belges de la bande avaient pu être interceptés en Allemagne et l'enquête conduisait apparemment les investigateurs vers Charleroi.
Georges Zicot était, rappelle t-on, spécialisé précisément dans les affaires de trafic de véhicules, une activité à laquelle Marc Dutroux a également été mêlé.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil