JULIE ET MÉLISSA, L'INSUPPORTABLE ATTENTE(«Soir Illustré»mercredi 21août1996(P7-9)
JULIE ET MÉLISSA, L'INSUPPORTABLE ATTENTE
« Soir Illustré » du mercredi 21 août 1996 (P7-9)
Des équipes, pendant ces heures-là, fouillaient la maison de Marcinelle. Les enquêteurs examinaient avec effroi le réduit, une ancienne citerne dissimulée derrière un mur camouflé derrière une armoire, où Laetitia et Sabine avaient été enchaînées, nourries de pain sec et d'eau, terrorisées. Dutroux leur disait que leurs parents ne voulaient plus d'elles. Il avait ordonné aux petites de se taire si elles entendaient des visiteurs. Ils pouvaient être très méchants. Plus que lui.
« Soir Illustré » du mercredi 21 août 1996 (P7-9)
Des équipes, pendant ces heures-là, fouillaient la maison de Marcinelle. Les enquêteurs examinaient avec effroi le réduit, une ancienne citerne dissimulée derrière un mur camouflé derrière une armoire, où Laetitia et Sabine avaient été enchaînées, nourries de pain sec et d'eau, terrorisées. Dutroux leur disait que leurs parents ne voulaient plus d'elles. Il avait ordonné aux petites de se taire si elles entendaient des visiteurs. Ils pouvaient être très méchants. Plus que lui.
Laetitia tentait de réconforter Sabine, qui endurait ce calvaire depuis plus de deux mois. Le vendredi 16, on apprit que des fouilles avaient été entamées dans une autre maison, à Sars-la Buissière.
Samedi matin, au village, la tension montait avec le soleil; les heures étaient de plomb. "On attend Dutroux. Il doit montrer quelque chose...", murmurait-on.
Samedi matin, au village, la tension montait avec le soleil; les heures étaient de plomb. "On attend Dutroux. Il doit montrer quelque chose...", murmurait-on.
Enfin, on apprit que les magistrats instructeurs chargés des disparitions de Julie et Mélissa, An et Efje, étaient attendus sur les lieux, avec MM. Bourlet et Connerotte. Dutroux, encadré par deux membres de la BSR, escorté par des camions de gendarmes de la Réserve Nationale, arriva à bord d'une Lancia grise, dans un luxe de précautions extrêmes.
A Neufchâteau, la foule avait conspué le couple maudit. Personne n'eut le temps de voir revenir Dutroux sur les lieux de ses actes déments posés en totale conscience. Il était protégé par un gilet pare-balles. Il repartira en hélicoptère. La foule était fébrile. Une grand-mère, transpirant sous le soleil, la tête couverte d'une serviette en papier, tenait sa petite-fille par la main, en disant: "La haine m'a conduite ici. C'est le mot que je veux employer. Je ne supporte pas qu'un être comme Marc Dutroux existe. Je ne comprends pas qu'il vive, comme les autres gens". La petite fille, elle, se demandait quand on retrouverait Julie et Mélissa. Nous, on aurait préféré la voir loin de ce cauchemar, comme les autres enfants assis tant à la sombre cérémonie qui sera vue et revue sur les écrans.
Les magistrats sont arrivés, l'excavatrice s'est mise à creuser. A trois mètres, tous les témoins comprirent qu'ils se trouvaient au bord de la tombe de Julie et Mélissa. Fermez les yeux un instant. Leurs visages, vous les revoyez dans votre mémoire, leur photo a fait partie de notre quotidien pendant plus d'une année.
Avant que les cercueils ne s'en aillent, le Procureur annonça une conférence de presse à Neufchâteau. Impossible d'expliquer l'horreur en direct A 150 bornes de Sars, à Bertrix, la fête organisée sur la Grand-Place pour Laetitia devint cérémonie d'hommage. Les gens étaient invités à signer une pétition exigeant la révision de la loi sur les peines frappant ceux qui font souffrir les enfants (voir article de Bernard Meeus).
A Kain aussi, la joie s'était muée en gravité drapée de respect. A Grâce-Hollogne, des bouquets de fleurs commencèrent à s'amasser devant les maisons des parents de Julie et Mélissa.
LE SOUCI DES ENQUETEURS:
"IL FAUT QUE DUTROUX CONTINUE À PARLER..."
Ce dimanche 18 août, à 10 heures, à Neufchâteau, le procureur Bourlet retraça la trame de l'enquête, fit le point sur les inculpations, précisa avec force que les inculpés étaient traités avec respect, même si cela choque ceux qui ne pensent qu'à la vengeance.
M. Bourlet a répété les propos de Dutroux, qui doivent encore être vérifiés. Comme les protestations d'innocence de Michèle Martin.
L'épouse assure n'avoir rien vu, ni compris, s'être simplement occupée de ses enfants. Mensonges... Selon Dutroux, Julie et Mélissa avaient été enlevées à son insu par un certain Michel Lelièvre, un vagabond dont il était proche, et un comparse nommé Bernard Weinstein. Des personnages qui surgissent, avec d'autres personnes interpellées, notamment à Bruxelles. Ainsi, l'homme d'affaires Jean-Michel Nihoul. Relations d'affaires?
Un réseau de vente d'enfants était-il animé par Dutroux & Co?
L'homme avait payé cash sa maison de Sars-la-Buissière: près de 3 millions. Les autres bâtisses étaient payées, elles aussi. De décembre 1995 à mars 1996, Dutroux a purgé une peine de prison pour vols avec violences. Des vols, dont certaines informations juraient été acquises en séquestrant des personnes âgées. Les petites auraient été amenées à Marcinelle par le duo, à la surprise de Dutroux, qui n'avait pas terminé la construction de la geôle.
DUTROUX AFFIRME QU'ELLES SONT MORTES DE FAIM. VÉRITÉ OU SYSTÈME;
Avant d'entrer en prison, il affirme avoir octroyé une somme de 50.000 francs à Lelièvre pour qu'il nourrisse les prisonnières.
Vers mars 96, il assure avoir retrouvé Julie et Mélissa mourantes. Lelièvre ne leur avait rien apporté à manger.
Elles seraient mortes de faim et de soif. Il y eut une bagarre, avec Weinstein, qui aurait voulu le doubler. Weinstein, drogué par des soporifiques, a, semble-t-il, été enterré vivant avec les corps de Julie et Mélissa, sous les arbres, dans le trou creusé avec la pelleteuse, à Sars.
La même machine a servi a enterrer à demi une voiture parmi d'autres. Une Citroën CX gris métal dont la trace des pneus a été retrouvée sur les lieux de la disparition d'An et Eefje.
«Dutroux parle. Nous espérons qu'il nous conduira à elles, qu'il nous permettra d'aller plus loin», a expliqué le magistrat. Avant que les caméras s'arrêtent de le fixer, Michel Bourlet a encore martelé que la joie d'avoir retrouvé Laetitia et Sabine avait été occultée par la mort de Julie et Mélissa. Il a dit aussi que le fait d'avoir retrouvé Laetitia et Sabine justifiait toute une vie d'homme au service de la justice, au nom de tous les enquêteurs. Sur les marches du palais de justice, des gens ont commencé à applaudir le patron de l'enquête. Un père de famille, fatigué. Prêt à reprendre ce boulot qui est une plongée profonde dans les marécages de l'humanité, mais qui libère des éclats de lumière, parfois.
A Kain aussi, la joie s'était muée en gravité drapée de respect. A Grâce-Hollogne, des bouquets de fleurs commencèrent à s'amasser devant les maisons des parents de Julie et Mélissa.
LE SOUCI DES ENQUETEURS:
"IL FAUT QUE DUTROUX CONTINUE À PARLER..."
Ce dimanche 18 août, à 10 heures, à Neufchâteau, le procureur Bourlet retraça la trame de l'enquête, fit le point sur les inculpations, précisa avec force que les inculpés étaient traités avec respect, même si cela choque ceux qui ne pensent qu'à la vengeance.
M. Bourlet a répété les propos de Dutroux, qui doivent encore être vérifiés. Comme les protestations d'innocence de Michèle Martin.
L'épouse assure n'avoir rien vu, ni compris, s'être simplement occupée de ses enfants. Mensonges... Selon Dutroux, Julie et Mélissa avaient été enlevées à son insu par un certain Michel Lelièvre, un vagabond dont il était proche, et un comparse nommé Bernard Weinstein. Des personnages qui surgissent, avec d'autres personnes interpellées, notamment à Bruxelles. Ainsi, l'homme d'affaires Jean-Michel Nihoul. Relations d'affaires?
Un réseau de vente d'enfants était-il animé par Dutroux & Co?
L'homme avait payé cash sa maison de Sars-la-Buissière: près de 3 millions. Les autres bâtisses étaient payées, elles aussi. De décembre 1995 à mars 1996, Dutroux a purgé une peine de prison pour vols avec violences. Des vols, dont certaines informations juraient été acquises en séquestrant des personnes âgées. Les petites auraient été amenées à Marcinelle par le duo, à la surprise de Dutroux, qui n'avait pas terminé la construction de la geôle.
DUTROUX AFFIRME QU'ELLES SONT MORTES DE FAIM. VÉRITÉ OU SYSTÈME;
Avant d'entrer en prison, il affirme avoir octroyé une somme de 50.000 francs à Lelièvre pour qu'il nourrisse les prisonnières.
Vers mars 96, il assure avoir retrouvé Julie et Mélissa mourantes. Lelièvre ne leur avait rien apporté à manger.
Elles seraient mortes de faim et de soif. Il y eut une bagarre, avec Weinstein, qui aurait voulu le doubler. Weinstein, drogué par des soporifiques, a, semble-t-il, été enterré vivant avec les corps de Julie et Mélissa, sous les arbres, dans le trou creusé avec la pelleteuse, à Sars.
La même machine a servi a enterrer à demi une voiture parmi d'autres. Une Citroën CX gris métal dont la trace des pneus a été retrouvée sur les lieux de la disparition d'An et Eefje.
«Dutroux parle. Nous espérons qu'il nous conduira à elles, qu'il nous permettra d'aller plus loin», a expliqué le magistrat. Avant que les caméras s'arrêtent de le fixer, Michel Bourlet a encore martelé que la joie d'avoir retrouvé Laetitia et Sabine avait été occultée par la mort de Julie et Mélissa. Il a dit aussi que le fait d'avoir retrouvé Laetitia et Sabine justifiait toute une vie d'homme au service de la justice, au nom de tous les enquêteurs. Sur les marches du palais de justice, des gens ont commencé à applaudir le patron de l'enquête. Un père de famille, fatigué. Prêt à reprendre ce boulot qui est une plongée profonde dans les marécages de l'humanité, mais qui libère des éclats de lumière, parfois.
Ces disparitions qui nous hantent nous auront conduits aux confins de notre société. La noirceur d'un Marc Dutroux face à la générosité et à la solidarité observées à Bertrix, face aux témoignages venus du coeur saluant le retour de Laetitia et Sabine, tentant de réconforter, au plus dur de leur calvaire, les parents de Julie et Mélissa.
Marcel Leroy.
Marcel Leroy.
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