samedi 24 mai 2008

La voiture, la note et la lettre


La voiture, la note et la lettre

LA MEUSE du 16 avril 1996

Ce sont les trois pistes «Secrètes» suivies par les enquêteurs dans l'affaire de la disparition des petites Julie et Melissa
Mais pourquoi avoir attendu tous ce temps avant de les divulguer?

Quelques heures avant la diffusion sur TFI de l'émission Témoin N° 1, le parquet de Liège a confirmé l'existence de trois «pistes» qui seront évoquées par la chaîne privée française. Parmi celles-ci, une lettre envoyée le 5 juillet dernier au bureau de notre journal.

Une autre piste fait état du témoignage d'une riveraine qui aurait vu les deux gamines monter volontairement dans une voiture foncée, tandis que la troisième piste a trait à une annotation dans un livre de Mélissa.

Dans ce dernier, on peut lire la phrase suivante:

«Julie, on ni ra à 17 heures au manège».

Vous avez sans doute été nombreux, hier soir, à regarder l'émission Témoin N° 1, diffusée sur TF1. Lors de celle-ci, il a été question de la disparition de Julie et Mélissa.

La justice liégeoise y a confirmé l'existence de plusieurs pistes tenues secrètes jusqu'à présent. Les enquêteurs ont donc donné la «primeur» de leur important travail au média français comme s'ils pensaient que la presse belge est incapable de répercuter convenablement ces appels à témoins.

Cette mise au point étant faite, le premier témoignage fait état d'une voiture de petite cylindrée, de teinte foncée et munie d'un hayon arrière.


Le 24 juin dernier, jour de la disparition de Julie et Mélissa, une riveraine de la rue de Fexhe a vu les deux gamines emprunter le côté gauche de sa rue et se diriger vers le pont de l'autoroute.
C'est à ce moment que la voiture se serait arrêtée à hauteur des deux fillettes.

Le conducteur aurait alors ouvert la portière arrière gauche de son véhicule et les deux gamines y seraient montées, sans apparemment opposer la moindre résistance. Malheureusement, le témoin a vu la scène de loin: il n'a pas pu donner la description du conducteur.

L'absence de contrainte indiquerait que les deux fillettes connaissaient l'automobiliste, même s'il n'est pas exclu qu'elles aient été piégées par une ruse de ce dernier.

Dans un agenda

La deuxième piste, elle concerne une petite note que les enquêteurs ont retrouvée dans un livre appartenant à Mélissa Russo.

En fouillant le banc de l'école où Mélissa était régulièrement assise, les limiers ont en effet mis la main sur un « agenda ».
A la page 124 de ce dernier, soit à la date du 18 juillet, on peut y lire les mots suivants:
«Julie, on ni ra à 17 heures au manège».
Étonnant, d'après les parents, ni Julie ni Mélissa ne fréquentaient cet endroit.
On remarquera tout de même que le jour de la disparition, les deux gamines avaient pris la direction du manège.
Plus troublant encore, cette note n'a été écrite ni par Julie ni par Mélissa, ni même par une copine de classe.

En fait, les enquêteurs ont fait faire une dictée aux condisciples des deux fillettes et aucune d'entre elles n'avait cette écriture. Bref, on ignore l'identité de l'auteur. Tout juste sait-on qu'il s'agit d'une écriture d'enfant.

Une lettre à « La Meuse »


Enfin, troisième piste, une lettre que notre journal a reçue le 5 juillet 1995.
Soit 11 jours après la disparition des deux benjamines. Dans ce courrier, un certain Farid affirmant être âgé de 19 ans et avoir une petite sueur ressemblant à une des lamines, s'accuse d'être un des auteurs du kidnapping puis du meurtre des deux fillettes.

Il explique que le 24 juin, il était à bord d'une voiture bleu foncé avec ses copains Robert et Aziz. Les trois hommes ont alors embarqué les deux fillettes avant de les emmener dans un garage pour les violenter. Ils les auraient ensuite tuées. Farid dit regretter son geste et annonce son suicide. Il déclare qu'il se jettera dans la Meuse.

Ceci dit, depuis cette lettre, aucun Farid n'a été retrouvé nové dans les eaux mosanes.
A l'époque, nous avons bien évidemment transmis ce courrier aux enquêteurs. Ils en ont pris possession et nous ont demandé de ne rien divulguer pour les besoins de l'enquête.

La Meuse a tenu parole... Mais aujourd'hui, les limiers liégeois la communiquent néanmoins à TF1.

Alors que ces trois « pistes » sont connues depuis longtemps, on peut se demander pourquoi les enquêteurs liégeois les communiquent au grand public seulement maintenant. N'aurait-il pas été plus efficace de demander aux gens de se rappeler, par exemple, la présence d'une voiture de teinte foncée aux abords de la rue de Fexhe au mois de juillet dernier plutôt que 10 mois après les faits?

Ceci dit, il y a gros à parier que ce long silence a probablement sa raison d'être, les enquêteurs doivent avoir leurs raisons. Même si celles-ci nous échappent.

Dans le cas contraire, remarquons simplement que le silence n'est pas toujours d'or.

Jean-Michel Crespin

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