samedi 24 mai 2008


NOËL TRISTE MAIS PLEIN D’ESPOIR

LA MEUSE samedi 24 décembre 1995 page 10

Il y a six mois disparaissait Julie et Métissa
Les parents des petites filles ont rencontré ceux d'Ann Marchal,la disparue de la Côte, pour confronter leurs douloureuses expériences

Ce 24 décembre sera un réveillon de Noël bien triste pour les parents de Julie et Melissa. Leurs deux petites filles ont disparu il y a 6 mois, jour pour jour, lors d'une promenade à Grâce-Hollogne,et depuis ils n'ont plus reçu une seule nouvelle !

Jeudi soir, Ils étaient les invités d'une autre famille touchée par ce drame, celle d'Ann Marchal (19 ans)
« Vous avez eu le courage de mettre un sapin? Moi, je n'aurais pas su.


C'était toujours Julie qui voulait le monter à la maison. »Il est 19 h 15 jeudi soir et c'est la première phrase que dit Louisa Lejeune en entrant
dans le salon de Betty et Paul Marchal, les parents de la jeune disparue flamanded'Hasselt. Ces derniers ont invité les parents de Julie et Melissa pour un soir, parce qu'ils avaient besoin de parler.

« Vous, vous êtes deux couples à bien vous entendre et à faire face au malheur», explique Betty Marchal. « Nous malheureusement, nous ne voyons guère les parents d'Eefje, la copine d'Ann qui a disparu avec elle. Ils ont divorcé et il est donc très difficile de se rencontrer ensemble. »
«C'est vrai que c'est une chance », reprend le papa de Julie.
« Il ne se passe pas un jour sans que l'on se voit ou se téléphone avec les parents de Melissa et cela aide beaucoup. »
«Chez nous non plus, on n'a pas eu le courage de mettre le sapin », reprend la maman de Melissa.


« Quand je revois Melissa et son frère Gregory se disputer tous les jours pour qui allumera les lumières, je n'aurais pas pu non plus.
D'ailleurs, nous n'avons plus rien fêté depuis leur disparition : ni I anniversaire de Melissa en septembre, ni celui de Julie en novembre, ni nos propres anniversaires, pas plus que la Saint-Nicolas. »


C'est vrai, aujourd'hui les deux fillettes n'ont plus huit ans, mais neuf!
« Moi j'ai encore trois autres enfants plus jeunes», s'excuse presque Betty Marchal.


« Je ne pouvais pas ne rien faire pour eux. » qui, avec sa copine Eefje (17 ans), a quitté un spectacle de parapsychologie à Blankenberge le 22 août dernier et qui n'a plus donné signe de vie.
Ensemble, ils se sont raconté durant toute une soirée les épreuves qu'ils endurent et leur espoir que l'année qui vienne leur apporte le retour tant souhaité de leurs enfants.

Il faut qu'elles soient fières de nous
Du courage pourtant, ils en ont ces trois couples pour continuer encore à se battre età espérer le retour de leurs filles. « Ecoutez on ne peut pas arrêter» explique GinoRusso. « Puisque pour nous, il ne fait aucun doute qu'elles sont encore en vie;

Pensez un seul instant que ma fille est entrain de se dire: « Mes parents me cherchent c'est sûr, et ils vont bientôt venir me libérer».

Croyez-vous qu'il est possible d'arrêter ne fût-ce au une seule minute, les recherches en sachant cela?
Des idées, nous en aurons encore beaucoup. Et de l'énergie encore plus pour faire bouger les choses. »
« Il faut absolument qu'elles soient fières de nous quand elles reviendront », reprend Jean-Denis Lejeune.

« C'est les condamner que d'arrêter », renchérit avec force Carine Russo.
Mais si elles sont en vie, où sont-elles alors?

«Les filles ne sont pas mortes,c'est sûr! Parce que, si elles l'étaient, on les aurait retrouvées. Pour nous, ellessont utilisées quelque part pour de l'argent », explique le papa de Julie.« Oui, reprend, un peu énervée, Betty Marchai, on voit de plus en plus d'informations dans les journaux selon lesquelles Ann ou Eefje pourraient être mortes. Il faut arrêter d'écrire des choses pareilles. Cela je n'y crois pas... »

« C est sûr qu'elles ont disparu pour de l'argent », relance le papa de Melissa. (De nos jours, on tolère toujours plus. Les peep-show, les sex-shops, les cassettes pornographiques avec des enfants.
Si on n'arrête pas cela, dans 20 ans, vous verrez, être pédophile, cela deviendra tout à fait normal. Et si on écoute les psychologues, cela fera même du bien aux enfants pour leur épanouissement sexuel. Cette évolution-là, nous ne l'accepterons jamais.»

Remerciements
Heureusement, ce qui fait énormément plaisir aux parents d'enfants disparus, c'est le soutien que leur apporte tous les jours l'opinion publique.
« Cela nous aide beaucoup et nous donne le courage de continuer », dit Gino Russo. « Les milliers de coups de téléphone et de cartes postales que nous avons reçus, c'est incroyable. On n'en est plus maitres et nous ne parvenons pas à répondre à tout le monde. On nous envoie des chansons, des poèmes, des dessins d'enfants. Comment faire pour les remercier tous ? »

« Il y en a qui nous téléphonent tous les jours, qui pleurent même au bout du fil »,explique Louisa Lejeune. « Ils se proposent de placer partout des affiches, quadrillent des secteurs et repassent toutes les semaines pour remplacer celles qui auraient été enlevées. »


Plus de 600.000 affiches ont jusqu'à présent été placées partout en Belgique et en Europe: la plus grosse campagne d'affichage jamais lancée dans l'histoire de notre pays.

« Ce sont souvent les gens les plus démunis qui donnent le plus», raconte le papa de Julie. « Une dame est venue me trouver pour savoir comment elle pourrait emprunter... 2.000 FB!

Elle avait dans l'idée d'acheter de la lavande, d'en faire des petits sacs et de les vendre au profit de l'asbl Marc et Corinne. »
« Et cette autre histoire», reprend avec amusement Gino Russo. « A la suite de l'annonce que nous n'allions plus toucher d'allocations familiales pour les deux petites, l'asbl a reçu un chèque de 100.000 FB avec pour simple mention :
« Vos allocations familiales 1996. Merci. »

Ce n'est pas merveilleux cela? Tout cet argent permettra d'imprimer encore des affiches et de poursuivre les recherches.
Et Jean-Denis Lejeune de raconter encore qu'il a été très heureux en se rendant au Maxi GB d'Herstal et de s'apercevoir que tout le personnel arborait le pin's «Julie et Melissa ».

« Tous ceux qui ont des enfants nous comprennent et cela, c'est plus important que toutes les querelles juridiques à propos de l'affaire. »

Luc Gochel

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Tragi-comique : ils ont rencontré près de 300 radiesthésistes

LA MEUSE samedi 24 décembre 1995

Dans toute affaire de disparition, juste après la police, ce sont les radiesthésistes qui entrent en action. Munis de leur pendule ou de leur sourcier,ils se mettent au travail etcontactent les familles pour leur dire où se trouvent leurs enfants. Presque toujours de bonne foi, - ils ne demandent pas d'argent -, ils semblent sincères dans leurs démarches mais font perdre un temps précieux aux familles, sans compter les espoirs déçus.


Les parents d'Ann,Julie et Métissa ont rencontré certainement entre
250 et 300 radiesthésistes depuis 6 mois. Sans résultats!
« Vous savez, c'est fou ce qu'ils nous ont fait fouiller comme maisons, champs, églises, forts... et tout cela pour rien », raconte Gino Russo. Enfin, jusqu'à présent...

« Nous sommes allés plusieurs fois à Amsterdam, à Rotterdam, à Breda, à Rhince, et même une semaine entière à Alicante pour vérifier leurs informations », reprend Jean-Louis Lejeune.


«Il y en a même un qui m'a affirmé qu'elles étaient dans la quatrième dimension et qu'elles allaient bientôt revenir mais qu'il ne faudrait absolument pas leur poser de questions. Que voulez-vous dire? L'homme avait l'air sincère, je ne pouvais tout de même pas me moquer de lui.

A les entendre, ils ont tous collaboré avec la police et ils ont tous retrouvé quelqu'un, poursuit Gino Russo.
Mais quand on demande qui, là cela devient plus nébuleux. Un jour, il y en avait deux à la maison qui disaient des choses complètement différentes. Le premier était persuadé qu'elles étaient à Breda mais qu'il fallait faire vite. L'autre était venu en train d'Anvers pour nous affirmer qu'elles se trouvaient dans une maison à 500 mètres de chez nous. On est allé voir: c'était la Poste!

Ces histoires pourraient prêter à sourire si parfois elles ne déclenchaient pas de terribles angoisses chez les parents.


«Quand un radiesthésiste vous dit qu'elles sont enterrées dans un champ près de chez vous, vous y allez parce que vous vous dites: «C'est peut-être quelqu'un qui sait mais qui a peur d'âtre suspecté alors il se fait passer pour un radiesthésiste».

Mais quel n'est pas votre état d'esprit quand vous commencez à fouiller ce champ...

Aujourd'hui, les parents de Julie et Melissa sont plus prudents. Lorsqu'un nouveau radiesthésiste s'annonce, ils leur disent: « Mais si vous savez où elles se trouvent, allez les chercher et ramenez les nous! A ce moment, cela devient subitement plus compliqué et nos filles sont soit en Australie ou dans le Sahara...

L.G.

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Où a il est question de Pog's

LA MEUSE 24 décembre 1995

A la question posée par Betty Marchal, qui s'inquiétait de la réaction des frères de Julie et Melissa, les mamans ont raconté des anecdotes tout à fait différentes à propos d'un même sujet les fameux Pog's, ces rondelles de carton qui font fureur dans les cours de recréation.

«Pour Maxime qui a 6 ans (3 ans plus jeune que sa soeur),Julie est bien sûr en vie., Elle est perdue et il faut absolument effectuer des recherches »
Nous explique Louisa Lejeune «Pour lui, pas question de perdre ou même d'échanger ses pog's à l'école car, lorsque Julie reviendra, elle sera bien triste de ne pas en avoir et alors, il les lui donnera. »

Eh bien pour Grégory (11ans), c'est le contraire», poursuit Carine Russo.
« Pour lui, sa soeur a été enlevée et, comme le petit Anthony De Clerck que les ravisseurs avaient gavé de sucreries et de chocolat durant sa détention, Melissa est aussi fortement gâtée. A coup sûr, elle doit aussi avoir reçu plein de pog's. Dès lors, il ne doit pas vraiment en garder pour elle. C'est sa manière à lui d'idéaliser l'absence de sa soeur. »

L.G.

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